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sports, aussi bien ceux de l’antiquité que du Moyen-Âge ou des temps modernes. M. Picard, tout en nous assurant de sa sympathie, avait « classé » le projet dans son cerveau en attendant qu’il le fût dans ses cartons. Nous ne reçûmes jamais la convocation annoncée, et lorsque, au bout de trois ans, parut la classification officielle de l’Exposition, les sportifs s’aperçurent avec quelque ahurissement que le patinage était dans la coutellerie, l’aviron dans le sauvetage, les sociétés de sport dans la prévoyance sociale, etc. Bien avant cela, j’avais compris qu’il n’y avait, pour les Jeux Olympiques, rien à attendre de M. Alfred Picard, près de qui du reste M. A. Ribot, ancien président du Conseil, avait fait une vaine démarche en leur faveur.

Cela étant, je m’étais résolu à organiser les Jeux de 1900 en dehors de toute ingérence administrative par le moyen d’un comité privé dont le vicomte de la Rochefoucauld avait accepté non seulement d’exercer la présidence active, mais d’installer à l’Hôtel de la Rochefoucauld, rue de Varennes, à Paris, les bureaux. Le projet était en apparence des plus téméraires. Dans la réalité, il l’était beaucoup moins. Mon raisonnement avait été celui-ci : l’administration de l’Exposition prétend organiser, selon l’admirable pléonasme qu’un rond-de-cuir avait inventé, des « Concours d’Exercices physiques et de sports ». Elle ne peut qu’échouer et, en tous cas, tant par le cadre choisi (Vincennes) que par la multitude des commissions et sous-commissions et l’énormité du programme (on y prétendait insérer le billard, la pêche à la ligne et les échecs), ce ne pourra être qu’une sorte de foire cahotique et vulgaire : exactement le contraire de ce que nous désirons pour les Jeux Olym-