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iv
Le Congrès Olympique du Havre (1897)

Pourquoi Le Havre ? On n’en revenait pas. Qu’est-ce que le grand port normand avait à faire avec l’olympisme ?

Dès son retour d’Athènes, le docteur Gebhardt avait exprimé le vœu qu’une prochaine assemblée du C.I.O. se tînt à Berlin. MM. Bikelas, Kemény et Guth étaient d’accord, disait-il. Mais je m’étais bien gardé de les consulter et avant l’été j’engageai des pourparlers avec la municipalité havraise. Rien n’eût été plus imprudent que d’assembler le C.I.O. seul, en pleine lumière, dans une grande capitale. Comme on demandait naguère à une jeune fille encore très jeune et qui est aujourd’hui la femme d’un écrivain connu, si « elle avait beaucoup dansé cette saison », elle avait répondu avec une jolie moue : « Mes parents ne me trouvent pas encore au point. Ils ne me sortiront que l’année prochaine. » J’étais à l’égard du C.I.O. exactement dans le même état d’esprit. Je ne le trouvais pas assez au point pour le sortir. Son faible contingent, son absence de ressources matérielles, surtout son caractère de porte à faux ne pouvant s’appuyer ni sur des forces administratives, ni sur des forces techniques régulièrement constituées ou reconnues m’interdisaient une telle imprudence. D’un autre côté, je jugeais plus important que jamais de préserver son indépendance absolue en ne l’inféodant à aucun pouvoir protecteur. Il ne fallait pas compromettre la vic-