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sous prétexte d’une variante ; prononcé à moitié en grec, à moitié en français, il ne répétait pas la proposition de fixer à Athènes le siège permanent des Jeux dans des termes identiques. J’ignorai également l’adresse que l’on avait fait signer aux athlètes américains dans ce même sens appuyant l’initiative du souverain. De tout cela la presse faisait grand bruit, mais j’étais le sourd qui ne veut rien, donc ne peut rien entendre. Et le soir même de la clôture des Jeux, j’adressai au roi une lettre publique pour le remercier ainsi que la ville d’Athènes et le peuple grec de l’énergie et de l’éclat avec lesquels, par leur protection et leur action, il avait été répondu à l’appel de 1894. J’y spécifiai nettement la continuation de l’œuvre et la pérennité du Comité international par l’allusion aux Jeux de la deuxième Olympiade qui seraient célébrés à Paris… La lettre était brève. Sa publication en allemand et en anglais étant assurée en même temps que paraîtrait le texte français, il devenait indifférent que le texte grec en fût également publié. Les formes, bien entendu, étaient sucrées selon les exigences du protocole, mais l’acte n’en était pas moins d’une rare insolence. Parmi les membres du comité, où dominait le monarchisme, on s’alarma, car je n’avais rien demandé ni soumis d’avance à mes collègues. Philemon se voila la face. Qu’allait-il advenir ?… Je n’étais pas très rassuré. Cependant rien ne se produisit. Le C.I.O. traversa l’épreuve sans démissions ni fissures. Le prince royal, qui, du reste, comprenait parfaitement l’impossibilité de monopoliser les Jeux au profit d’Athènes, n’emboîta point le pas derrière le roi, auquel Philemon avait, en somme, fait prendre une initiative inconsidérée. Ainsi passa la crise et la iie Olympiade, l’olympiade parisienne s’ins-