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che incorporée et encastrée dans un ensemble de sports ». Je cite ces mots car ils dépeignent la bizarre méfiance qui régnait encore à l’égard du principe de la collaboration sportive dans des milieux pourtant éclairés. Cependant la cause du bon sens l’emporta pour finir et les athlètes français s’en vinrent au pied de l’Acropole où leur absence eût créé une sorte de scandale.

Ils savaient devoir y rencontrer les Allemands et ne s’en indignaient plus. Un groupement créé à Berlin par le Dr  W. Gebhardt avec lequel j’étais en correspondance régulière cherchait à y intéresser ceux-ci et y réussissait lorsque vers la fin de l’année (1895) on reçut à Athènes d’une grande société gymnique d’Allemagne une lettre déclinant l’invitation d’abord acceptée. Le refus était basé sur une interview fantaisiste publiée dans un journal français et à laquelle je n’avais pas fait attention. Les propos que l’on m’y prêtait étaient déplacés au point que la protestation des Allemands en paraissait modérée et justifiée de tous points. Sitôt avisé je prévins Gebhardt, mais au même moment la National Zeitung reproduisit la lettre des gymnastes. Ce fut aussitôt dans la presse germanique une levée de boucliers. J’envoyai de suite un démenti et le communiquai à M. Rangabé, ministre de Grèce à Berlin qui m’en remercia en m’informant des mesures prises par lui pour donner à ce démenti « la plus large publicité ». Il disait s’être arrangé « pour en faire remettre une copie au chancelier qui la placera sous les yeux de l’empereur », mesures nécessaires, « car l’irritation en Allemagne avait pris des proportions inquiétantes… Hier encore, ajoutait-il, j’ai reçu une cinquantaine d’articles de tous les coins de l’empire ». L’irritation pourtant se calma vite et Gebhardt qui