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La première Olympiade (Athènes 1896)

Sitôt que j’eus quitté la Grèce, M. Scouloudis s’employa à abattre les fondements posés. Il convoqua trois fois chez lui les trois autres vice-présidents, leur persuada que mon budget ne valait rien, que les dépenses seraient énormes et les profits nuls… Ayant suffisamment ébranlé leur confiance, il annonça au reste du Comité que la dissolution s’imposait et qu’on allait s’en remettre à la décision de Son Altesse Royale.

Il se croyait sûr de cette décision, mais les choses se passèrent autrement qu’il ne l’avait prévu. Le prince royal reçut la délégation, mit le rapport sur sa table disant qu’il l’étudierait et congédia ces messieurs après leur avoir parlé de la pluie et du beau temps. Je crois qu’il n’hésita nullement. Son parti était pris. Je ne sais pas exactement, bien que tenu secrètement au courant de chaque détail, ce qui se passa entre le prince et le roi, au retour de celui-ci, mais certainement le roi dut apprécier que l’héritier du trône se trouvât placé à la tête d’une œuvre de pur et large caractère hellénique, car six mois plus tard, lui ayant rendu visite à Paris, où il était de passage, le roi me parla avec une fierté visible des qualités dont faisait preuve le prince royal dans l’organisation des Jeux.

Ces qualités furent réelles. J’admirai l’intelligence et le tact avec lesquels il sut manœuvrer et se tenir en équilibre dans une situation délicate ; mais, malgré tout, cette situation ne pou-