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mémoires olympiques

Quatre jours plus tard, le 16 novembre, je fis une conférence à la grande société littéraire, le Parnasse. La salle était comble. Si le parti Tricoupis ne cédait pas, l’opposition ne désarmait pas davantage. Je possède encore dans un numéro du Romos, le spirituel journal satirique rédigé en vers, une caricature amusante représentant MM. Tricoupis et Delyannis munis de gros gants de boxe et se battant à propos des Jeux Olympiques. Ce n’est pas sans inquiétude qu’après un mois de séjour je dus quitter Athènes par la voie de terre cette fois. La Société Panachaïque de Gymnastique me réserva, à Patras, un accueil enthousiaste. Un membre de son Comité avait été désigné pour m’accompagner à Olympie. Nous y arrivâmes tard le soir. Je dus attendre l’aube pour connaître les lignes du paysage sacré, dont j’avais tant de fois rêvé. Tout le matin j’errai dans les ruines. Je ne devais revoir Olympie que trente et un ans plus tard, lors de l’inauguration solennelle du monument érigé en commémoration du rétablissement des Jeux. Rentré à Patras, je gagnai, après une brève escale à Corfou, Brindisi et ensuite Naples où, reçu par mon nouveau collègue, le duc d’Andria, je fis, le 7 décembre, au Cercle Philologique, que présidait un député de renom, M. Borghi, une conférence qui me laissa l’impression d’un coup d’épée dans l’eau. Loin des harmonies de l’Hymne à Apollon et de la silhouette du Parthenon, l’évocation des Jeux Olympiques manquait de force, évidemment.