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mémoires olympiques

Quoi qu’il en soit, cette diffusion du sport parmi les travailleurs manuels est pour l’olympisme un gage indéniable de survie, quelle que doive être l’issue du duel engagé pour la possession du pouvoir dans tout l’univers entre deux formules sociales totalement opposées. Elle implique aussi la reconnaissance de ce fait primordial passionnément nié jusqu’assez récemment. Le sport n’est pas un objet de luxe, une activité d’oisif non plus qu’une compensation musculaire du travail cérébral. Il est pour tout homme une source de perfectionnement interne éventuel non conditionnée par le métier. Il est l’apanage de tous au même degré sans que son absence puisse être suppléée.

Le point de vue ethnique n’est aucunement différent. Le sport est l’apanage de toutes les races. Il n’y a pas longtemps non plus qu’on en déclarait les Asiatiques exclus par la nature. L’an passé à Genève, un des hauts fonctionnaires japonais de la Société des Nations, me disait : « On ne peut s’imaginer à quel degré le rétablissement des Jeux Olympiques a transformé mon pays. Depuis que nous participons aux Jeux, notre jeunesse est entièrement renouvelée. » Je pourrais citer, venus des Indes et de Chine, des témoignages d’une constatation équivalente.

C’est une supériorité singulière pour une institution qu’elle puisse à la fois se propager ainsi en profondeur sociale et en surface internationale. Alors je vous en prie, quelle importance voulez-vous que j’attribue aux petites myopies qui inspirent les pronostics fâcheux ? À chaque olympiade, j’ai lu que ce serait la dernière parce que… Eh bien ! parce que le chroniqueur (il faut voir les choses comme elles sont) a été mal logé, qu’on l’a exploité dans les restaurants ou que les installations télégraphique et téléphoni-