Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
mémoires olympiques

développer le désintéressement et le sentiment de l’honneur comme l’amour du gain ; il peut être chevaleresque ou corrompu, viril ou bestial ; enfin on peut l’employer à consolider la paix aussi bien qu’à préparer la guerre. Or, la noblesse des sentiments, le culte du désintéressement et de l’honneur, l’esprit chevaleresque, l’énergie virile et la paix sont les premiers besoins des démocraties modernes, qu’elles soient républicaines ou monarchiques… »

Vers le milieu de l’été, le C.I.O. se trouva constitué par les acceptations de ceux qui avaient été désignés sans que j’eusse pu les pressentir. Le 4 septembre arriva de Christchurch celle de M. Cuff et le 15 celle du duc d’Andria, de Naples. Douze nationalités se trouvaient représentées ainsi au départ et le Comité avait mission de se compléter. C’était un « self-recruiting body », dans le genre du rouage directeur des régates de Henley. Mais il était déjà ce qu’il serait pendant trente ans — et ce qu’il est encore — composé de trois cercles concentriques : un petit noyau de membres travailleurs et convaincus ; une pépinière de membres de bonne volonté susceptibles d’être éduqués ; enfin une façade de gens plus ou moins utilisables, mais dont la présence satisferait les prétentions nationales tout en donnant du prestige à l’ensemble.

À l’automne, M. Bikelas partit pour Athènes, précédé par une quantité de lettres personnelles accompagnant les premiers numéros du Bulletin. Le 4 octobre, il m’écrivait à l’arrivée : « Depuis Brindisi jusqu’ici tous mes compatriotes me parlent des Jeux Olympiques avec joie ». C’est le sentiment qu’exprimait aussi le correspondant du Temps en Grèce. Le lendemain, nouvelle lettre. Bikelas a vu le président du Conseil, M. Tricou-