Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxiv
Légendes

Autour des Jeux Olympiques, déjà, des légendes se sont créées. Les légendes d’autrefois étaient des inventions poétiques qui déformaient gracieusement la réalité. Celles d’aujourd’hui ne sont trop souvent que le revêtement hâtif d’erreurs commises par irréflexion et que l’on s’est dispensé de vérifier avant de les énoncer — et encore plus après. On les a énoncées par besoin de critique intéressée ou pour obéir à quelque rancune mesquine ; plus souvent encore parce que, simplement, cela comportait un jugement rapide, facile, empreint d’une apparence de logique et prêtant à des développements commodes. C’est dans cette dernière catégorie qu’il convient de classer la légende de ma « repentance ». Combien de fois n’ai-je pas relevé ici ou là des allusions apitoyées ou teintées d’ironie à ma « déception », à mes « désillusions », à la « déviation » de mon dessein primitif, à la façon dont l’événement avait « trahi mes espérances » !

Or tout cela n’est qu’imagination pure. On se contredit d’ailleurs en exaltant l’olympisme antique au delà des bornes du vraisemblable dès qu’on l’envisage sous l’angle esthétique pour déclarer ensuite qu’il n’a mis en ligne que des professionnels — et de même pour le néo-olympisme, en n’apercevant tantôt que la rivalité internationale qu’il suscite et tantôt le mercantilisme à l’aide duquel il est censé s’alimenter exclusivement. Les termes « professionnels » et « amateurs », appliqués à l’antiquité, sont dépourvus