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mura Bikelas. Mais ils comprenaient parfaitement la nécessité d’agir ainsi si nous voulions assurer l’avenir d’une institution portant un nom illustre, mais dépourvue d’assises pratiques et encore fort incomprise de l’opinion. Parmi les deux mille auditeurs de l’Hymne à Apollon, il s’était trouvé plus d’artistes que de sportifs et la fin du Congrès s’était estompée dans l’émotion générale causée par l’assassinat du président Carnot.

Nous nous mîmes aussi d’accord sur le principe de l’égalité des sports. Déjà, pendant le Congrès, aux séances des 19 et 22 juin, j’avais dû intervenir pour empêcher les « sports accessoires » de se voir simplement attelés au char des « athletics », ce qui devait se renouveler souvent et longtemps.

Le reflet de ces importantes décisions se manifeste dans le numéro 2 du bulletin trimestriel dont je commençai aussitôt la publication. J’extrais de sa chronique les passages suivants : « On nous demande de bien préciser le caractère de notre entreprise. Voici la réponse en quelques lignes… Notre pensée, en faisant revivre une institution disparue depuis tant de siècles, est celle-ci : L’athlétisme a pris une importance qui va croissant chaque année. Son rôle paraît devoir être aussi considérable et aussi durable dans le monde moderne qu’il l’a été dans le monde antique ; il reparaît d’ailleurs avec des caractères nouveaux ; il est international et démocratique, approprié par conséquent aux idées et aux besoins du temps présent. Mais aujourd’hui comme jadis, son action sera bienfaisante ou nuisible selon le parti qu’on en saura tirer et la direction dans laquelle on l’aiguillera. L’athlétisme peut mettre en jeu les passions les plus nobles comme les plus viles ; il peut