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grâce à lui et à ses collaborateurs, tout s’y organisait d’une manière excellente, mais un moment la ixe Olympiade s’était trouvée en péril parce que… les piétistes s’étant insurgés contre le caractère « païen » de cette restitution avaient réussi à entraver le vote des crédits. Cette Olympiade allait-elle donc s’attribuer un record préalable, celui de la sottise ? Mais l’opinion s’étant rebellée devant les hésitations des gouvernants, une souscription publique avait indiqué à ces derniers qu’ils faisaient fausse route. Et tout était rentré dans l’ordre. Tout de même, au XXe siècle ! Quelle leçon de choses pour ceux qui croient en avoir fini avec les multiples aspects de l’obscurantisme et avoir « terrassé l’hydre de l’ignorance ». Ce qui ne cessait au contraire de m’inquiéter, c’était justement l’extension et l’aggravation de cette insuffisance intellectuelle du temps présent. Car le savoir n’est rien sans la compréhension ; et la connaissance spécialisée, à l’aide de laquelle, on s’imagine de nos jours mettre l’homme à même de saisir les ensembles, les lui déforme au contraire. Ayant depuis un quart de siècle étudié ce problème-là, ses conséquences probables et sa solution possible, j’étais impatient de pouvoir dorénavant m’y consacrer entièrement et c’est pourquoi les travaux olympiques à Prague me trouvaient parfois un peu inattentif et distrait. Je sentais à cet égard mon rôle achevé. J’avais conscience de laisser à mon successeur une situation privilégiée et hors d’atteinte.

Après les affaires de Hollande, on examina celles de Californie à échéance lointaine d’ailleurs et déjà plus avancées que cela n’avait jamais été le cas dans le passé. L’avenir de la conquête africaine, compromis par la défection algérienne, se consolidait depuis qu’Alexandrie avait accepté