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mémoires olympiques

à la célébration du xxxe anniversaire du Rétablissement des Jeux Olympiques. Un écrin lui fut remis contenant côte à côte la médaille frappée trente ans plus tôt où s’inscrivaient ces mots : « Le Congrès International de Paris proclame le rétablissement des Jeux Olympiques. 23 juin 1894 » — et une autre médaille de décor identique où se lisaient ceci : « Les nations assemblées célèbrent le trentième anniversaire de l’Olympisme rénové, 23 juin 1924 ». Tandis que nous recevions le chef de l’État, mes collègues et moi, une foule de pensées s’évoquaient et, avant tout, l’image de la cérémonie de juin 1914 à la veille du cataclysme au cours duquel, quatre années durant, tant de jeunes existences faites pour les joies sportives allaient être sacrifiées : cérémonie toute semblable à celle-ci, avec les chœurs, les fanfares de chasse dans le grand vestibule, les drapeaux olympiques, les discours… toute semblable et pourtant, à certains détails, on sentait que la roue de l’histoire avait tourné et qu’une sorte d’égalisation instable prenait la place des tranquilles certitudes sociales d’une époque disparue.

Le soir, le président donna à l’Élysée, son premier grand dîner en l’honneur des membres du C. I. O. auxquels s’était joint le syndic de Lausanne, venu pour représenter à la Sorbonne la ville-siège du néo-olympisme. Le lendemain, une grande réception d’après-midi fut donnée à l’Hôtel de Ville dans la galerie des fêtes, avec représentation théâtrale. La session du C. I. O. s’ouvrit le 25 juin au Palais du Louvre, dans les somptueux appartements de gala du ministère des Finances. Nous y siégeâmes les 25, 26, 27 et 28 juin, puis la session fut interrompue pour permettre à la Commission exécutive, maintenant en