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mémoires olympiques

dans un continent retardataire, parmi des populations encore dépourvues de culture élémentaire, le principe des luttes sportives — et singulièrement présomptueux d’attendre de cette extension un renfort propre à accélérer dans ces contrées la marche de la civilisation. Réfléchissons pourtant à ce qui tourmente l’âme africaine. Des forces inemployées — de la paresse individuelle et une sorte de besoin collectif d’action — mille rancunes, mille jalousies contre l’homme blanc et l’envie cependant de l’imiter et de partager ainsi ses privilèges — les soucis contradictoires de se soumettre à une discipline et de s’y soustraire — au milieu d’une douceur qui n’est pas sans charme, la subite poussée de violences ancestrales… tels sont, parmi plusieurs autres, quelques traits de ces races vers qui se dirige l’attention de nos nouvelles générations. Celles-ci, précisément, ont reçu du sport de grands bienfaits. Il les a durcies. Il leur a donné le goût salubre de la détente musculaire et un peu de ce fatalisme raisonnable qui est celui des êtres énergiques, leur effort accompli. Mais si le sport fortifie, il apaise également. À condition de demeurer un adjuvant et de ne point devenir un but, il sait produire l’ordre et clarifier la pensée. N’hésitons donc point à lui tailler sa part africaine. Des délégués de pouvoirs compétents sont venus ici pour en parler avec nous… »

En effet, en marge de la session du C.I.O. se tinrent les séances d’une commission consultative où siégeaient, avec un représentant du ministère italien des colonies, des délégués de l’Algérie, du Maroc, de la régence de Tunis et le colonel Sée, porteur d’un message spécial du maréchal Lyautey, alors résident général. Notre collègue portugais, le comte de Penha-Garcia, était chargé d’y associer son pays. Je n’entrerai pas dans le détail des