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bration des Jeux. Des conversations avec D. Bikelas, dont le commerce m’avait charmé dès le premier abord, me conduisirent à changer d’avis. Lui le désirait, mais en même temps reculait devant la responsabilité d’engager son pays dans cette aventure. Nous nous encourageâmes l’un l’autre et Athènes fut désignée par acclamation.

Le principe des Jeux circulants passa sans trop soulever d’objections. Il était essentiel. Autrement, la dépense n’eût pu être acceptée par aucun pays. La Grèce, en tout cas, eût été hors de cause techniquement et financièrement.

J’eus toute liberté pour la composition du C.I.O. La liste proposée fut élue sans retouche ; elle comprenait : Bikelas pour la Grèce ; Callot et moi pour la France ; le général de Boutowsky pour la Russie ; le colonel Balck pour la Suède ; le professeur Sloane pour les États-Unis ; Jiri Guth (Bohème) ; Fr. Kemény (Hongrie) ; G. Herbert et lord Ampthill pour l’Angleterre ; le professeur Zubiaur pour l’Argentine et L. A. Cuff pour la Nouvelle-Zélande ; enfin le comte Lucchesi Palli accepta provisoirement pour l’Italie et bientôt après le comte Max de Bousies pour la Belgique. On ne remarqua pas que je n’avais choisi presque que des absents. Leurs noms figurant sur la longue liste des « membres honoraires du Congrès », on s’était accoutumé à leurs consonances et à les croire inféodés à l’œuvre. Il me fallait mes coudées franches pour toute la période de début, car de multiples conflits ne pouvaient manquer de naître. On voudrait, en tous cas, s’emparer du gouvernail, soit pour bénéficier du succès, soit pour modifier la direction. Ainsi l’exige la loi humaine.