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tement un citoyen très influent. Là-bas l’énorme stade commencé dès que l’espoir avait lui d’y célébrer un jour une Olympiade était près d’être achevé. On y préparait un meeting pré-olympique qui aurait lieu en 1923 et rien ne serait plus aisé, en cas de nécessité, que de le reporter à 1924 et d’en faire de véritables Jeux Olympiques Internationaux. C’est ce qui me permettait d’assister avec une apparente sérénité à ce qui se passait à Paris et de répondre de loin aux interviewers dont le nombre allait se multipliant sans paraître autrement affecté par ces événements. Le comte Clary, président du Comité olympique français, et Frantz-Reichel qui en était le tout dévoué secrétaire général, me tinrent pendant toute cette crise au courant des moindres incidents. Le dossier de leurs lettres est instructif. Un jour, le préfet de la Seine lut au Conseil municipal un passage d’une lettre confidentielle que j’avais adressée à M. Poincaré, alors ministre des Affaires étrangères, et dont l’odyssée du quai d’Orsay à l’Hôtel de Ville, à l’insu du destinataire, n’a jamais pu être élucidée. Le Conseil municipal s’embrouillait de plus en plus. Un des conseillers réclamait qu’on « fit venir les Sokols, ce qui serait une des attractions principales des Jeux Olympiques » !

Ce fut le gouvernement qui empêcha la nef de sombrer. Le président de la République, alors M. Millerand, prenait grand intérêt aux Jeux et ne pouvait admettre la carence de la capitale française après qu’il avait lui-même encouragé le Comité olympique français à poser sa candidature. Le président du Conseil, M. Poincaré, était malheureusement trop pris par les soucis politiques pour donner beaucoup d’attention à la question. D’un mot, pourtant, il eût pu marquer la valeur