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au zèle compétent du comte de Rosen, mais que ce revêtement avait été exclusivement militaire. C’était sans doute infaillible parce que, hormis pour ce qui concerne la chasse à courre et le polo, sports trop coûteux pour être pratiqués en dehors d’un cercle restreint de millionnaires, l’équitation civile tend toujours à être éclipsée par l’équitation militaire.

En dehors de certains pays d’élevage, de régions coloniales où il contribue au transport, ou de territoires tels que la Californie où il s’était maintenu longtemps par tradition, le sport hippique a toujours été handicapé par des difficultés d’organisation qu’aurait neutralisées une intervention éclairée et ingénieuse des pouvoirs publics. Or, cette intervention ne s’est jamais produite dans la mesure et de la façon qu’il eût fallu. Il m’est impossible d’aborder ici l’examen de cette question qui exigerait de longs développements. Pendant plus de vingt-cinq ans, je n’ai cessé de la ramener sur le tapis par des articles ou par des initiatives de formules variées, mais tendant toutes au même but : à savoir la diffusion du sport équestre parmi les « non-montés », c’est-à-dire ceux qui n’ont pas le moyen de posséder un cheval à eux. J’ai obtenu des approbations incessantes, depuis le rough rider Théodore Roosevelt, jusqu’au cavalier raffiné qu’était le comte Maurice de Cossé-Brissac, mais quand il s’est agi de réalisations, des mauvais vouloirs inconscients se sont dressés comme s’il fallait abandonner un privilège de caste, renoncer à une féodalité précieuse… J’ai encore dans l’oreille l’écho des acclamations accueillant, au banquet des Jeux équestres de 1912, à Stockholm, certains discours… Il y avait là tous les princes, les grands-ducs, les chefs de missions, la masse des officiers participant aux