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juge son œuvre personnelle près d’être achevée, nul ne contestera au rénovateur des Jeux Olympiques le droit de demander qu’une faveur exceptionnelle soit faite à sa ville natale, Paris, où fut préparée par ses soins, et solennellement proclamée, le 23 juin 1894, la reprise des Olympiades. Je veux donc, loyalement, vous prévenir, mes chers collègues, que lors de notre prochaine réunion, je ferai appel à vous afin qu’en cette grande circonstance vous me consentiez le sacrifice de vos préférences et de vos intérêts nationaux et que vous acceptiez d’attribuer la ixe Olympiade à Amsterdam et de proclamer Paris siège de la viiie.

C’était le coup d’État dans toute sa beauté. Et même il était double, puisqu’il s’agissait d’enchaîner l’avenir pour deux Olympiades, décision que rien n’empêchait le C.I.O. de prendre, mais qui ne l’avait jamais été. Il y eut à Paris quelque désarroi ; ailleurs aussi. Personne ne s’attendait à une intervention présidentielle aussi radicale et brusque. Il était moralement impossible de me refuser ce que je demandais là. C’est pourquoi le premier flottement passé, les milieux sportifs français désertèrent en masse l’opposition dont ils étaient en train de se faire à notre égard comme une seconde nature et, tout d’un coup, les nuages amoncelés se dissipèrent, et le soleil brilla dans un ciel pur.

La série des « Congrès et Conférences olympiques » s’ouvrit dans une atmosphère de bonne volonté et d’entente qui faisait bien augurer de leurs résultats. Cette atmosphère se maintint pendant toute la durée des réunions, malgré le caractère épineux des questions qui se posaient et les discussions passionnées qu’elles devaient forcément soulever. Au premier rang de celles-là se