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La manœuvre de 1921

La situation réclamait avant tout une affirmation d’unité, et c’est pourquoi le pilote habituel se sentait l’objet d’une sorte d’appel afin qu’il tînt la barre avec une particulière attention. Le péril n’était pas dans telle ou telle tentative de main-mise sur l’Olympisme. Un homme politique et un journaliste français faisaient en vain campagne pour que la Société des Nations, à peine née et encore peu orientée, s’emparât des Jeux. De semblables propositions n’avaient guère de chances de s’imposer et il était facile de lutter contre elles de même que contre les assauts de certaines fédérations, pressées de voir leurs délégués s’asseoir à la table du C.I.O. Le vrai péril était dans l’effritement de l’idée olympique, que risquait d’entraîner la multiplication des Jeux régionaux, issus de cette espèce d’impatience générale partout sensible. Il s’en créait de tous côtés, ou du moins nous recevions des plans, des programmes, des annonces de formation de comités et de sous-comités.

Pendant les deux dernières années de guerre, la menace d’une sécession était restée suspendue sur l’Olympisme. Par une action indirecte et officieuse, j’étais toujours arrivé à en neutraliser les progrès. La « Ligue des neutres », qui s’était un moment esquissée, n’avait été qu’un projet sans consistance réelle. La ligue des belligérants du groupe germanique n’avait été qu’une idée en l’air, et, si on cherchait à la réaliser maintenant,