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c’était bien celui que nous voulions dessiner en choisissant Anvers comme siège de la viie Olympiade. Quelle candidature égalait celle-là ? J’ose dire que, dûment avertie, la conscience du monde se fût manifestée avec enthousiasme en sa faveur. En Belgique, du moins, on était attentif à notre réunion et le gouvernement royal, conscient de la charge que représentait l’attribution des Jeux, se déclarait prêt à l’accepter.

Le comte de Baillet-Latour ne s’était pas borné à s’en entretenir avec le roi Albert et les ministres. Il avait, avec son idéalisme réaliste, examiné les possibilités et était résolu à aboutir. Bien qu’au passage on eût fortement tenté de le décourager, il donna, réconforté du reste par les assurances qu’apportait d’Angleterre le révérend Laffan, la promesse anversoise que tout serait prêt à l’heure dite. Et tout devait l’être en effet.

Cuba s’était peu à peu effacée. Devant la candidature belge, les autres ne pouvaient tenir. Mais un gros problème se dressait : la participation des « empires centraux », comme on disait encore. Or quelques mois à peine s’étaient écoulés depuis que le dernier soldat allemand avait évacué la Belgique et que, sur le front de guerre, le dernier coup de canon avait retenti. Le bon sens indiquait que des équipes allemandes ne pouvaient, sans imprudence, prétendre à se montrer dans le stade olympique avant 1924. D’autre part, proclamer solennellement un ostracisme quelconque, fût-ce au lendemain du conflit qui venait d’ensanglanter l’Europe, constituerait une déchirure dans cette constitution olympique jusque-là si résistante ; et il en pourrait résulter un précédent dangereux. Mais la solution était très simple. C’est, à chaque Olympiade, le comité organisateur qui, selon la formule employée dès