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étions prêts à leur faire confiance. Ils avaient, m’écrivaient-ils : « établi un Kindergarten olympique ». C’est bien ainsi que nous l’entendions. Ce qui se perdait d’un côté, pour nous, se récupérerait donc de l’autre et j’avais eu raison d’écrire dans un des derniers numéros de la Revue Olympique que si la guerre quelque jour empêchait une Olympiade d’être célébrée en Europe, la suivante le serait, et que si la jeunesse venait à laisser temporairement tomber de ses mains le flambeau olympique, il se trouverait de l’autre côté du monde une autre jeunesse prête à le relever.

La Revue Olympique avait été des premières victimes de l’ouragan. Son dernier numéro avait été celui de juillet 1914. Impossible de la continuer. À vrai dire, j’avais décidé de m’en décharger à partir de décembre suivant et mes collègues avaient été invités par moi à lui substituer un Bulletin en trois langues d’ordre plus technique. J’estimais qu’au soir de la récente apothéose, elle avait achevé sa mission et je désirais moi-même plus de loisirs pour mes travaux historiques. Mais de juillet à décembre, elle publierait et éclaircirait les documents et procès-verbaux du Congrès. Le sort en décida autrement. On l’imprimait à Gand et dans la tourmente nombre des collections mises de côté se trouvèrent détruites.

Pendant la guerre disparurent le comte Brunetta d’Usseaux, le baron de Venningen, tué au front dès les premières semaines, et Evert Wendell. En outre, M. A. Ballif, démissionnaire, avait été remplacé par le marquis de Polignac. En 1918, peu avant l’armistice, furent élus trois Américains du Nord et du Sud, MM. Bartow Weeks, Dorn y de Alsua et P.-J. de Matheu. Enfin, mes propres pouvoirs étaient venus à expiration en 1917 et avaient été renouvelés par l’intermédiaire de M. de Blo-