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après devait avoir lieu la réception au quai d’Orsay… « Elle n’aura pas lieu, naturellement ? » me dirent des voix amusées sans le vouloir paraître. « Et pourquoi donc ? — Il n’y a pas de ministre. — Il y en aura un. » Et, en effet, M. et Mme Viviani, installés le matin même, se tenaient à l’heure dite à l’entrée des salons, amènes et souriants comme s’ils avaient ordonné eux-mêmes le moindre détail de la soirée. Dans cette nombreuse équipe internationale que formaient les membres du Congrès (pas loin de cent quarante), il y avait des hommes cultivés, mûris par la vie, ayant occupé des fonctions importantes. Plus d’un fut surpris de voir de près la façon dont à Paris, se défaisaient et se refaisaient les cabinets et surtout de noter le peu de désarroi que semblait produire chez les Français une panne ministérielle.

La cérémonie commémorative de la Sorbonne, que présidait le chef de l’État, entouré de tous les ambassadeurs et au cours de laquelle furent présentés plus de cent adresses ou télégrammes émanant de souverains, de princes héritiers, de gouvernements, d’universités et de sociétés, fut embellie par l’audition des fameux chanteurs suédois venus à Paris à l’occasion des fêtes. Pour la première fois parut en public le drapeau olympique, dont on venait de fabriquer une grande quantité et qui eut beaucoup de succès. Tout blanc avec les cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge, il symbolisait les cinq parties du monde unies par l’olympisme et reproduisait les couleurs de toutes les nations.

Le Festival du Trocadéro me donna quelques déboires. Le scénario avait été tracé sur un plan de gradation rythmique. Après un préambule exécuté par un septuor de harpes dans une obscu-