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xv
Le xxe Anniversaire des Jeux Olympiques
(Paris 1914)

Vers 1910, il me fut montré au ministère des Affaires Étrangères un document dont je ne me rappelle plus la teneur mais qui, transmis à un autre département, était revenu au quai d’Orsay portant en travers, d’une grande écriture rageuse, ces mots : « Le gouvernement français ne reconnaît pas les Jeux Olympiques ». Il ne m’eût pas été très difficile d’identifier le rond-de-cuir supérieur qui avait ainsi exhalé ses mauvaises pensées. Mais si sa personnalité me laissait indifférent, la forme de son affirmation m’avait agacé : « Ah ! me dis-je, attends un peu ! Tu vas voir si le gouvernement français ne reconnaît pas les Jeux Olympiques ! » De ce jour fut arrêté en moi la volonté formelle de donner à la célébration du xxe Anniversaire de leur rétablissement, en juin 1914, un caractère tel que le Tout-Paris officiel et mondain apparût unanime dans son hommage à l’institution rénovée.

Il n’y avait qu’un véritable obstacle… au départ. Il fallait forcer la main au gouvernement et lui imposer le patronage de la célébration au lieu de le lui demander selon l’usage — ce qui eût amené enquêtes, contre-enquêtes, avis motivés… et toute la série des paperasseries habituelles à notre sacro-sainte administration. Le C.I.O. allait se réunir à Budapest (mai 1911). Le président du Conseil, ministre de l’Intérieur, M. Monis, était alité