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pour rien qu’elle était préconisée par les grands maîtres de jadis : seulement elle n’est guère démocratique et nous n’y pouvons plus recourir, sauf pour la voltige où sa pratique continue de s’imposer. Son principal avantage était précisément de permettre au corps d’acquérir le liant, la souplesse spontanée, et cela en dehors du souci de conduire le cheval et de la possibilité de s’accrocher à sa bouche. On peut dire vraiment que le premier problème de l’équitation populaire se ramène à ce simple terme : par quoi remplacer la leçon à la longe ?

Deux solutions se présentent : la leçon couplée et la promenade collective. Il faudrait pouvoir s’étendre un peu sur ces sujets. Mais voici que j’ai déjà donné à l’hippisme deux fois plus d’espace qu’aux autres sports ; je dois donc me borner ici à de très brèves indications.

L’exercice couplé suppose deux élèves de front, le plus avancé tenant, en plus du sien, le cheval voisin sur lequel est placé le novice, les mains libres. Sous la surveillance du maître, cette équitation couplée se déroulera avantageusement dans le vaste espace indiqué ci-dessus comme propre à fournir le meilleur des manèges. Quant à la promenade collective, elle permet d’utiliser, en les neutralisant, certains défauts du « cheval de manège » qui est en promenade solitaire un détestable éducateur alors qu’en troupe, il n’a point d’autre préoccupation que de demeurer avec ses congénères et de régler son allure sur la leur ; ainsi le novice, très peu préoccupé de le conduire et se mouvant d’ailleurs en ligne droite, peut se donner tout entier à sa gymnastique et y faire de plus rapides progrès.

La gymnastique équestre préparatoire forme ainsi un premier stage ; les exercices couplés constituent le second stage ; le troisième sera fourni par la promenade collective. Ensuite, il y aura lieu de ramener l’élève au manège pour lui faire travailler la volte au galop, d’abord sur une circonférence un peu vaste, puis avec un rayon progressivement diminué. Rien ne lui enseignera mieux comment on peut coordonner les effets de jambe avec les effets de main et acquérir ainsi de la précision dans le déplacer du cheval.

Le développement de l’équitation populaire soulève une autre question mais que je ne saurais songer à aborder ici. Diminuer le nombre des leçons, rendre les méthodes plus efficaces et plus rapides, c’est fort bien. Mais ne pourrait-on aussi apporter une aide intelligente à l’industrie privée pour l’achat des chevaux, ce qui permettrait à celle-ci de mettre à la disposition de la clientèle une cavalerie mieux appropriée à sa tâche et susceptible d’obtenir des résultats plus prompts ; car est-il besoin de