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le long d’une échelle trop fortement inclinée pour que les pieds y prennent commodément appui. L’escalade par adhérence intervient lorsque vous grimpez à un arbre, à une perche, à une corde en vous aidant des mains et des jambes. L’escalade par renversement se produit si, saisissant une branche d’arbre ou une barre, vous culbutez autour pour arriver à vous y asseoir. Quant au rétablissement, on l’exécute en se hissant à la force des poignets de façon à poser les coudes sur le faîte du mur ou sur le rebord du balcon qu’il s’agit d’escalader et en se soulevant ensuite sur les coudes jusqu’à ce que la ceinture ait dépassé l’obstacle. »

Une échelle, une corde, un arbre, une barre, un mur… Que voilà donc des engins simplistes ! Aussi les trois quarts des gymnases ne les possèdent-ils pas. Ils s’encombrent, au lieu de ces objets naturels, d’une belle quantité d’appareils à contorsions qu’on croirait, d’après leurs silhouettes compliquées et désagréables, avoir été directement réquisitionnés dans une chambre de torture de la sainte Inquisition.

Par contre, ils contiennent cet objet suranné : la perche. La perche est tout au plus bonne à préparer des gagnants pour le mât de cocagne. Elle n’aide pas pour la corde et dépayse pour l’arbre. Nos enfants, sauf dans les campagnes, ne grimpent plus aux arbres et ceux-là même qui s’y risquent se bornent aux pommiers ou autres arbres à fruits, nourrissants et hospitaliers. La gymnastique nécessaire pour y accéder est vraiment par trop anodine. Ce n’est plus là de l’escalade. Il faut posséder ou « aménager » sur les terrains d’exercices des arbres propres à être escaladés sans danger mais avec vigueur. Quant à la corde, celle des gymnases est mal présentée et on s’en sert plus mal encore. L’idée de s’asseoir par terre au départ pour augmenter la distance à parcourir et de se hisser en étendant les jambes en équerre pour augmenter la difficulté est saugrenue, pour ne point dire niaise. Puis on ne réfléchit pas que les cordes utilisées dans le sauvetage ne pendent pas toujours dans le vide mais le long des murs et qu’il ne suffit pas d’y monter ou d’en descendre mais qu’il faut, en haut, enjamber la fenêtre ou la balustrade auxquelles elles sont accrochées. De tels exercices demandent à être répétés si l’on veut être en mesure, le jour venu, de les exécuter avec le sang-froid et l’à-propos nécessaires. Il convient donc de varier beaucoup la position, la direction, la grosseur, l’attache des cordes d’escalade.

Rien à dire de l’échelle inclinée, si ce n’est qu’elle devrait avoir des barreaux très rapprochés, ce qui faciliterait beaucoup la besogne du commençant et diminuerait la fatigue. Par la