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le 16 mai.

sous l’Empire, son tort principal fut une trop grande modestie. Il n’eut pas assez confiance en son propre jugement. Les débuts de sa carrière gouvernementale nous l’ont montré poursuivant avec entêtement l’établissement de quelque chose de définitif, réclamant cette constitution qu’on lui avait promise. Il fit le 16 mai, parce qu’on l’amena à croire à un danger imaginaire que courait la France. Mal conseillé, il tomba dans le piège qu’on lui tendait et ne redevint lui-même qu’après avoir « déchiré ce voile d’arguments passionnés qu’on tendait devant ses yeux[1] ». En réalité, il était « obsédé par le souci de la légalité[2] », et le destin ironique condamna sa mémoire à porter le poids de mesures arbitraires dont il fut à peine responsable.

Une période nouvelle commençait maintenant, période de travail latent, souterrain, dont les observateurs superficiels ne surent noter que le caractère incolore. Comme venait de le dire Gambetta[3], « l’ère des dangers était close ; celle des difficultés allait commencer ». L’heure était venue de considérer « ce qui est mûr, ce qui est urgent, ce qui doit attendre, ce qui doit être écarté, ce qui doit être résolument condamné ».

  1. Ernest Daudet, Souvenirs de la présidence du maréchal de Mac Mahon.
  2. Id.
  3. Discours prononcé au banquet des voyageurs de commerce, au Grand Hôtel (janvier 1879).