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le 16 mai.

un ordre du jour où il entrait plus de défiance que de confiance[1].

On attendait une crise ministérielle ; ce fut une crise présidentielle qui survint. Le gouvernemeut s’était résigné à prononcer un certain nombre de révocations, presque toutes justifiées, mais qui eussent pu être opérées moins brutalement et avec un plus juste sentiment des services rendus. Le 25 janvier, M. Léon Say apporta au conseil un décret révoquant divers fonctionnaires des finances. Après une courte résistance, le maréchal y apposa sa signature. Il signa encore, le 28, la mise à la retraite du directeur des cultes, M. Tardif, que lui présentait M. Bardoux ; mais quand le général Gresley lui eut fait connaître les changements qu’il se proposait d’opérer dans les commandements de corps d’armée[2], le maréchal refusa de s’y associer, non pas, comme on l’a dit, en termes violents et passionnés, mais sur un ton qui dénotait un parti pris, une volonté irrévocables.

Le 30 janvier, le conseil des ministres se réunit à Versailles pour y entendre la lecture du message par lequel le Président se démettait de ses fonctions. Quelques heures

  1. Gambetta avait abandonné soudain le ministère, cédant à une puérile rancune. Le général Borel, ne pouvant défendre convenablement à la tribune les intérêts de l’armée, s’était retiré, et au général Farre, candidat de Gambetta, le maréchal avait préféré pour le portefeuille de la guerre le général Gresley. Ce n’était qu’un froissement d’amour-propre, mais ajouté à beaucoup d’autres. En qualité de président de la commission du budget, Gambetta aurait dû être invité aux dîners de l’Élysée ; il ne l’était pas et pouvait justement s’en formaliser. L’entourage par trop aristocratique du chef de l’État ne ménageait pas les dédains et les sarcasmes aux « nouvelles couches ».
  2. Cinq commandants de corps d’armée étaient déplacés ; cinq autres, les généraux Bataille, Bourbaki, du Darail, de Lartigue et de Moutaudon, étaient mis à la retraite.