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le 16 mai.

contre une loi que venait de voter le parlement italien et proposer aux maires du diocèse de s’y associer. Il semblait que le cléricalisme fût au-dessus ou en dehors des lois. Ses velléités agitatrices devenaient chaque jour plus inquiétantes pour l’avenir du pays et pour son bon renom au dehors.

L’orage éclata enfin ; il y eut à la Chambre une interpellation sur les « menées ultramontaines ». Gambetta, ce jour-là, s’abandonna à la violence ; tout en se défendant de vouloir attaquer le Concordat, il dépeignit le corps épiscopal en rébellion contre le gouvernement et le dénonça à l’opinion par ces mots célèbres : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » Cette parole pesa d’un grand poids et d’un poids néfaste sur toute une époque. La politique cléricale et la religion sont deux choses très différentes ; il était juste de ne pas les confondre et de combattre l’une sans attaquer l’autre ; il était habile même de se protéger de l’une par l’autre. Le clergé français est volontiers gouvernemental ; on l’eût gagné en le traitant bien et en ne lui faisant pas porter la peine des excès commis par des laïques. On eût, du même coup, enlevé à l’opposition une de ses armes les plus redoutables ; c’est la question religieuse qui a permis aux partis monarchistes de se perpétuer si longtemps.

La réponse de M. Jules Simon à l’interpellation fut telle que pouvaient la dicter la modération et la raison ; il était visible que le gouvernement représentait l’opinion du pays sur ce grave sujet[1]. Le débat, toutefois, prit fin d’une

  1. Un incident récent lui avait fourni l’occasion d’agir à la fois avec fermeté et prudence : une bulle pontificale instituant un « chancelier de