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le 16 mai.

la haute Assemblée. Il était impossible de mettre ses actes en contradiction avec les paroles qu’il avait prononcées en arrivant au pouvoir. Il s’était déclaré « profondément républicain et profondément conservateur ». On ne pouvait lui en vouloir d’être conservateur, ni s’inquiéter qu’il fût républicain. Les chances de restauration monarchique avaient tellement rétrogradé depuis quatre ans que, à part quelques exaltés, nul ne songeait à remettre en question la forme du gouvernement ; les plus pressés convenaient d’attendre au moins la fin du septennat.

Non ! le conflit dont les préludes commençaient d’énerver l’opinion avait d’autres causes. On a pensé longtemps que le Maréchal Président, partageant les inquiétudes de son entourage, avait admis cette idée si singulière et si répandue que l’escalier libéral conduisait immanquablement au gouffre anarchiste, et que sur ses marches glissantes aucun républicain, même le mieux intentionné, ne saurait retenir le pays ; que, dans cette conviction, il avait résolu de mettre un cran d’arrêt pour ainsi dire à la marche en avant de l’opinion, mais que, par indécision et manque de confiance en lui-même, il n’avait pas été jusqu’au bout de son dessein et s’était laissé vaincre par des adversaires plus résolus. Or il est un point qui domine tout et sur lequel il est impossible de se méprendre, aujourd’hui que

    tous les pays, les Chambres hautes jamais n’élèvent le budget ; l’usage s’en est établi. Si les lords ont tenté timidement et par hasard de réagir contre cette coutume, ils n’ont pas pu y réussir, et la réforme n’a pas été consacrée. En France, les pairs n’ont jamais fait qu’enregistrer docilement le budget. » Gambetta soutenait, en l’espèce, que le maximum était fixé par les députés ; les sénateurs pouvaient diminuer, mais non augmenter les dépenses inscrites au budget. Cette disposition reposait sur une interprétation subtile du texte de la loi constitutionnelle.