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le 16 mai.

le droit de provoquer une nouvelle délibération sur les lois votées ; encore ce privilège est-il resté hors d’usage, et certains députés en ignorent peut-être l’existence. Le droit de dissolution est exercé par le Président d’accord avec la Chambre haute. Le chef de l’État communique avec les sénateurs et les députés par voie de message et préside le conseil des ministres.

Les ministres peuvent être plus ou moins nombreux ; la Constitution n’en fixe pas le nombre ; elle se borne à les déclarer responsables ; ils le sont individuellement de leur administration et solidairement de leur politique.

Telles sont, très brièvement résumées, les institutions que l’Assemblée nationale de 1871 donna au pays après quatre ans d’attente et sans enthousiasme aucun. Personne ne semblait croire à leur durée. « On a bien vu quelquefois des hommes d’État promettre à leurs créations politiques la perpétuité, disait spirituellement M. de Mazade ; mais M. Buffet est le premier qui commence par mettre de la cendre au front de la constitution qu’il a contribué à faire, en lui rappelant sa fragilité et la brièveté probable de ses jours[1]. » À gauche, on concevait aussi des inquiétudes. Tout en faisant observer que « les difficultés et les crises sont la trame vivante des gouvernements libres », Jules Ferry disait avec une certaine mélancolie : « Rien ne se fait vite, rien n’est à la vapeur dans le fonctionnement d’un régime à trois pouvoirs. C’est le plus lent des moteurs : il lui faut, pour marcher et produire, beaucoup de temps, beaucoup d’efforts. Les procédés rapides dont

  1. Ch. de Mazade, Revue des Deux Mondes, Chronique.