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le 16 mai.

Pour le Sénat, on avait rêvé, au début, des prérogatives considérables ; tout au contraire, son rôle s’est dessiné, dans la pratique, d’une façon assez amoindrie ; si amoindrie même que quelques hommes politiques se laissèrent entraîner à l’envisager comme un rouage inutile. Les circonstances prouvèrent plus tard de quelle nature était son utilité. En fait, il y avait à craindre que le Sénat ne voulût, lui aussi, renverser les ministères et exiger que les ministres eussent une égale responsabilité devant les deux Chambres. C’était là un écueil sérieux ; on ne le vit qu’après l’avoir doublé. L’inamovibilité paraissait, en principe, devoir constituer un rempart contre les entraînements irréfléchis : il n’en fut rien, et l’on put, dans la suite, la sacrifier sans regrets. Par contre, l’électorat, ingénieusement combiné de façon à faire participer à la désignation des sénateurs tous les conseils municipaux du pays, a donné ce qu’on en attendait. Mais plus encore que la diversité d’origine, le renouvellement partiel et la plus grande durée du mandat ont contribué à faire du Sénat une Assemblée tout à fait distincte de la Chambre et bien en rapport avec le rôle que les événements allaient lui assigner.

Le Président est irresponsable, et c’est l’Assemblée nationale qui l’élit pour sept ans ; il ne semblait pas très armé contre les exigences et l’arbitraire du Parlement, sauf par

    néfaste lors des élections de 1881, et pesa d’un grand poids sur toute la législature qui suivit. « La loi militaire et la revision, dit M. Ribot, furent les deux réclames principales des candidats, même de ceux qui n’avaient point idée en quoi la Constitution pouvait être défectueuse. Le Congrès du 4 août 1884, jugé inutile et inopportun par la majorité des députés, ne fut fait par eux que pour dégager leur parole. »