Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée
56
le 16 mai.

plète. Les grandes phrases à périodes ronflantes, les combinaisons ingénieuses ou savantes n’y remplacent point la connaissance des hommes et la notion exacte des besoins de l’époque. C’est en cela surtout que la constitution de 1875 diffère si complètement de celles qui l’ont précédée.

Au lieu de consister en une œuvre compacte, unique, élaborée et acceptée d’un seul coup, elle est, en quelque sorte, dispersée dans trois lois constitutionnelles distinctes les unes des autres. Nous avons vu, d’ailleurs, dans quel esprit pratique elle a été rédigée, et comment son caractère transactif a permis à des collaborateurs d’opinions très diverses de concourir à sa confection.

À la base est établi un très large électorat puisque, à la qualité de citoyen français il suffit, pour être électeur, de joindre l’âge de vingt et un ans et six mois de résidence dans une commune. La question de l’électorat, si troublante dans d’autres pays, est donc réglée ; on ne peut aller plus loin, à moins d’admettre le suffrage des femmes, ce que l’opinion ne paraît pas disposée à réclamer de sitôt. La Chambre se renouvelle en entier tous les quatre ans. Il est probable que le mode d’élection subira encore des transformations, puisque la querelle entre le scrutin de liste et le scrutin d’arrondissement dure depuis 1817. Quant au danger du mandat impératif, ce chancre de la vie parlementaire, « la forte organisation des partis et l’élévation des mœurs politiques[1] » sont les seules garanties qu’on puisse lui opposer[2].

  1. A. Ribot, Cours fait à l’École des sciences politiques (non publié).
  2. Le mandat impératif joua un rôle considérable et qui aurait pu être