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le 16 mai.

assemblée unique, isolée, elle aussi, dans sa toute-puissance. La constitution de 1791 était frappée de mort dès sa naissance. La Convention tenta de lui en substituer une autre dans laquelle le système représentatif serait concilié avec l’exercice direct de la souveraineté nationale. Condorcet présenta le rapport en février 1793, mais, dans l’intervalle, les idées girondines avaient cessé de plaire avant même que d’avoir été appliquées, et ce fut une constitution jacobine qui fut proclamée le 24 juin de la même année. La ratification populaire pour les lois en constituait la principale originalité ; cet ombre de régime régulier s’effaça bientôt devant le gouvernement révolutionnaire établi par les décrets du 10 octobre et du 10 décembre, et le Comité de Salut public demeura seul investi de tous les pouvoirs.

La constitution de l’an iii, dont Boissy d’Anglas fut rapporteur, contenait des divagations métaphysiques inspirées par le Contrat social. Elle établissait deux conseils de même origine : le conseil des Cinq-Cents, qui devait proposer les lois, et le Conseil des Anciens, qui devait les discuter sans avoir le droit de les amender. Le pouvoir exécutif appartenait au Directoire. Si des utopies de l’an iii rien n’est resté, il est juste de remarquer que les grandes lois organiques qui furent votées à la même époque servent, encore aujourd’hui, de base à notre administration.

En l’an vii, Sieyès reparut avec toute une hiérarchie agréable à l’œil, allant des « listes de notabilités » dressées par les électeurs, et sur lesquelles on devait choisir les fonctionnaires, jusqu’au grand électeur, magistrat sans autorité qui devait présider au bon fonctionnement de