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de la république.

l’extrême droite et la gauche[1] écarta presque tous les modérés et favorisa les candidats républicains. Puis ce fut le tour des sénateurs à mandat temporaire. Les proclamations adressées aux électeurs témoignaient en général d’un prudent libéralisme. MM. Léon Say, Feray et Gilbert-Boucher énonçaient en Seine-et-Oise le programme suivant : « Adhérer sans réserve à la constitution ; regarder la clause de révision comme une porte ouverte aux améliorations du gouvernement républicain, et non comme un moyen de le renverser ; faire tous nos efforts pour préserver notre pays d’une révolution, quelle qu’elle soit. » Mêmes idées exprimées, dans l’Aisne, par MM. Waddington, Henri Martin et de Saint-Vallier.

En opposition avec ce langage si clair se dessinait la politique provisoire, agitée, nerveuse, de M. Buffet. Il voyait, à chaque instant, la guerre civile prête à éclater ; à ses yeux, les bandes insurrectionnelles n’attendaient qu’une « défaillance » des pouvoirs publics. Rien ne justifiait ces craintes : le général Chanzy, l’amiral Pothuau, MM. Casimir-Périer, Laboulaye, de Maleville, L. de Lavergne venaient d’être élus sénateurs. L’amnistie demandée par M. Naquet avait trouvé des adversaires dans tous les partis ; la conciliation et l’apaisement se manifestaient de toutes parts ; mais M. Buffet ne percevait pas ces choses. Son humeur inquiète se traduisit tout à coup par une mise en demeure à M. Léon Say d’avoir à désavouer la liste sénatoriale sur laquelle figurait son nom[2]. Cette algarade amena une

  1. Voir le détail des négociations relatives à cette entente, dans les Souvenirs de la présidence du maréchal de Mac Mahon, d’Ernest Daudet.
  2. Le préfet de police, M. Léon Renault, candidat à la députation dans