Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée
41
de la république.

illusion dut se dissiper rapidement. La France, en tous les cas, peut lui savoir gré de n’avoir pas prolongé, par une restauration sans avenir, les incertitudes et les expédients des régimes précédents. Quand il mourut, dix ans plus tard, il emporta dans la tombe le respect de tous les partis ; grâce à lui, la Maison de Bourbon ne connut pas ces aventures et ces compromissions qui, trop souvent, ont marqué le déclin et la disparition des grandes races royales.

À l’heure où les destinées de la France se débattaient ainsi entre Salsbourg et Versailles, le procès retentissant du maréchal Bazaine se jugeait à Trianon ; au cours d’une audience, l’accusé, pour se défendre, argua qu’il avait agi en présence du néant, alors qu’il n’existait plus de gouvernement, plus d’Empire, plus rien… « Pardon, interrompit le duc d’Aumale qui présidait, il restait la France. »

C’est à quoi pensaient précisément les bons citoyens inquiets de ne pas laisser le pays devenir la proie des factions. En présence d’un pouvoir sans durée déterminée, bonapartistes et légitimistes rivalisaient de zèle pour travailler à son affaiblissement. La majorité d’âge du prince impérial, célébrée à Chislehurst le 16 mars 1874, et quelques succès électoraux[1] qu’ils venaient de remporter, enhardissaient les premiers ; les seconds avaient foi en la Providence et se déclaraient sûrs du lendemain. La confiance qu’inspirait le caractère du chef de l’État avait

  1. L’année 1873 vit grossir les rangs bonapartistes par les élections de M. de Bourgoing dans la Nièvre, de M. Le Provost de Lannay dans le Calvados, du duc de Mouchy dans l’Oise, et du duc de Padoue, qui réunit quarante-cinq mille voix en Seine-et-Oise.