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de la république.

ses plaisirs, de turbulence joyeuse, elle excelle à saisir les nuances et à s’en amuser. Elle ne fait pas opposition au gouvernement ; elle le taquine, le vexe, l’embarrasse ; elle n’est ni logique, ni persévérante, ne s’inquiète jamais du lendemain et saisit mal les relations de cause à effet. Elle n’est pas sans analogie avec la foule antique, dont elle a, non les appétits sanguinaires, mais les injustices et les légèretés.

Longtemps ce Paris-là s’est imposé à la province, et par la province, à l’Europe. La centralisation, chère au régime impérial, ajoutait encore à son influence, et on peut dire que la troisième République est surtout remarquable par l’importance qu’elle a rendue à la vie et aux institutions provinciales. Dès le début, la « peur de Paris » s’est manifestée parmi les modérés de l’Assemblée nationale. On ne voulait pas y ramener le gouvernement ; on reculait devant le danger d’étendre les franchises municipales, et les élus de Paris n’ont cessé d’avoir dans le Parlement et devant le gouvernement une situation à part, faite d’un peu de respect et de beaucoup de méfiance.

Et, malgré que l’expérience ait rassuré les timides, malgré que les événements aient démontré la fausseté des indications données par le baromètre parisien, on n’a pas perdu l’habitude, dans les moments de trouble, d’incertitude, d’angoisse, de se tourner vers la grande ville en se demandant : « Qu’en pense Paris ? » Et Paris répond par un mot d’ordre auquel la France n’obéit plus.

La crise que chacun pressentait, et qui éclata le 24 mai 1873, eut ceci de paradoxal que, d’une part, entendant