Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée
31
de la république.

hommes que leur passé séparait des doctrines républicaines, mais qui plaçaient au-dessus de tout le reste le souci des intérêts nationaux. Au cours de la longue discussion sur la revision des actes de l’administration avant et pendant la guerre, le duc d’Audiffret-Pasquier, le général Chanzy, et d’autres encore, avaient très nettement indiqué quelle politique pratique ils entendaient suivre, ne s’inspirant que des besoins immédiats de la France et ajournant toute question susceptible d’entraver le relèvement du pays. D’autres, envisageant la succession des gouvernements en France, allaient plus loin. « Dans le cours d’un siècle presque entier de révolutions successives, écrivait M. Casimir-Périer[1], toutes les formes de gouvernement ont été essayées tour à tour, sauf une seule, celle d’une République régulière, loyalement acceptée de la majorité de la nation, servie sans prévention d’une part, sans faiblesse de l’autre. C’est une épreuve qui reste à faire : faisons-la courageusement et honnêtement. »

Tel est le programme auquel s’arrêta M. Thiers.

Le message de rentrée du 11 novembre 1872, conçu en termes d’une netteté lumineuse, convia l’Assemblée à une « grande et décisive session » au cours de laquelle seraient imprimés à la République « les caractères désirables et nécessaires ». — « La France, disait M. Thiers aux agitateurs de droite et de gauche, ne veut pas vivre dans de continuelles alarmes » ; et chacun comprit que cette simple constatation d’un fait indéniable constituait une mise en demeure à l’égard des représentants de la nation.

  1. M. Casimir-Périer était fils du ministre de Louis-Philippe et père du futur président de la République.