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chapitre xii

la nation armée.

Un spectacle nouveau. — Le patriotisme à travers les âges. — Sa formule moderne. — Problèmes contradictoires. — Une œuvre de persévérance et de confiance. — L’effet sur la nation. — Officiers et soldats. — Tendances divergentes. — Une leçon de choses socialiste. — Idéal et patriotisme.

On a raconté que lorsque, dans le port de Cronstadt, Alexandre iii, venant rendre visite à la flotte française, passa en revue l’équipage du vaisseau amiral, il laissa échapper ces mots dont une oreille française recueillit la confidence : « Je ne croyais pas que les marins d’une République pussent avoir cette tenue-là. » Si cette parole n’a pas été réellement prononcée, on peut affirmer que l’empereur de Russie l’a pensée et, avec lui, tous les princes et officiers supérieurs qui l’accompagnaient. Le jour où l’hôte impérial de la République française ressentit cette impression, ses fondateurs, les hommes de persévérance et de volonté qui l’édifièrent sur des ruines et la consolidèrent à travers mille orages, ont reçu la récompense suprême de leur énergie et de leur dévouement. Non pas, certes, que la gloire et les conquêtes militaires fussent le but principal de leurs efforts, ou qu’ils aient mis leur ambition à créer une armée plus formidable que les circonstances ne l’exigeaient, mais parce que le fait d’avoir réussi