Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/360

Cette page n’a pas encore été corrigée
339
l’éducation.

ment secondaire la lutte fut plus longue encore. Sans doute, Mme Campan avait conçu de vastes projets qu’elle put croire un moment près de se réaliser. Mais Napoléon ne les apprécia guère et s’en tint, pour les maisons de la Légion d’honneur, à un plan plus modeste. En dehors des pensionnats religieux, qui se multiplièrent vers le milieu du présent siècle, il n’y eut que les cours, dont la vogue fut, à un moment, très considérable ; ils visaient pour la plupart à donner le goût de l’étude plutôt qu’à instruire. Dus à l’initiative privée, ils conquirent peu à peu les sympathies officielles ; l’Université prêta ses professeurs, donna même l’hospitalité de la Sorbonne. L’heure enfin sonna de créer un enseignement secondaire régulier pour les filles. Ce fut l’objet de la proposition Camille Sée qui, déposée à la Chambre en octobre 1878, et amendée par Paul Bert, aboutit, sous le ministère Jules Ferry, à la loi du 21 décembre 1880[1].

Cette loi souleva des tempêtes ; la modération et la sagesse de ses principales dispositions furent méconnues. On eût dit, à entendre les déclamations de ses adversaires, qu’elle instituait un enseignement basé sur une assimilation monstrueuse entre la femme et l’homme. En réalité, elle continuait les traditions pédagogiques de Mme de Maintenon, dont s’étaient écartées les fondatrices de pensionnats religieux. À peine l’avait-on promulguée qu’une école normale s’ouvrait à Sèvres pour en poursuivre l’application, que vingt-cinq projets de création de lycées de

  1. Voir sur cette question les très intéressants exposés de M. Gréard, vice-recteur de l’Académie de Paris, dans le troisième volume de son ouvrage : Éducation et instruction.