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l’éducation.

continue : de 309 qu’ils étaient en 1876 avec 46,816 élèves, ils passèrent à 349 en 1887 et à 352 en 1891 ; ils ont alors 51,287 élèves. Il convient d’ajouter 139 petits séminaires avec plus de 20,000 élèves. Ces chiffres permettent de constater que les élèves perdus par l’État n’ont point passé aux établissements ecclésiastiques, puisque ces derniers n’ont gagné que 1,200 élèves alors que l’État en perdait 6,000[1]. Plusieurs motifs peuvent être invoqués pour expliquer cette perte : le décret de 1887, qui a relevé le prix de la rétribution scolaire, les énormes progrès de l’enseignement professionnel et utilitaire. Mais il est certain que l’insignifiance de l’éducation morale, le souci trop exclusif des succès aux examens et l’oubli des conditions propices à la formation du caractère et au développement de la virilité y sont pour beaucoup.

Si le zèle des congréganistes en a été stimulé, on ne saurait marquer trop d’admiration pour la façon dont l’Université en a accepté les conséquences. En vain lui a-t-on suggéré la possibilité d’obtenir une législation protectrice ; elle n’a pas même demandé la réapplication des décrets de 1880, qui avaient désorganisé momentanément les collèges des Jésuites[2]. Elle s’est contentée des armes de liberté qu’elle avait noblement choisies. Seulement la lutte reste âpre, quoique sourde, et c’est pourquoi les universitaires ont médiocrement goûté l’appel à « l’esprit nou-

  1. Quant à l’enseignement libre laïque, sa chute a été rapide : 494 établissements secondaires et 30,000 élèves formaient son bilan en 1876. En 1887, il comptait 302 établissements et 20,000 élèves ; en 1891, 250 établissements et 15,000 élèves.
  2. En 1865, les Jésuites possédaient en France 14 établissements d’enseignement secondaire avec 5,074 élèves. En 1876, ils en possédaient 27 avec 9,131 élèves.