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l’éducation.

ger ses programmes, à les surcharger encore davantage !

Dès qu’on parla de surmenage, l’Académie de médecine estima que la chose était de son ressort, et qu’une incursion de sa part dans le domaine de l’instruction publique serait de tous points légitime. Mais pas plus l’Académie de médecine que le conseil supérieur ne s’avisèrent qu’il y avait là autre chose qu’une question de programmes ; avant de décider que le cerveau travaillait trop, il n’était pas inutile cependant de se souvenir des muscles qui ne travaillaient pas assez, en sorte que l’équilibre se trouvait rompu. Ce fut l’initiative privée qui s’exerça cette fois, pour organiser au sein de l’Université, — et d’abord un peu malgré elle, — les exercices physiques, et pour rappeler qu’on peut faire de l’éducation morale avec de l’éducation physique, et qu’en tous les cas on n’en fait point avec de l’enseignement tout seul.

La religion occupe, au lycée, une place accessoire et peu considérée ; mais cela n’a pas, au point de vue moral, le même inconvénient qu’à l’école primaire. Le lycéen a souvent reçu de sa famille une empreinte de foi religieuse, de vertu sévère ou tout au moins de patriotisme convaincu. Il est rare que sa conscience ne soit pas éveillée. Ce qui lui manque, c’est le caractère ; on ne lui apprend pas à vouloir ; on ne lui laisse pas l’usage de sa liberté ; on ne l’exerce pas à l’iniliative et à la décision, et comment les maîtres le pourraient-ils quand ils sont eux-mêmes dépendants à l’excès, inspectés, surveillés, emmaillotés pour ainsi dire[1] ? Si les établissements libres avaient su orga-

  1. Un mouvement de réforme est né dans le sein de l’Université ; appuyés par la compétence et l’autorité de M. H. Marion, professeur de