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l’éducation.

lité même, où la préoccupation de discipliner, de briser, de dompter, se manifestait exclusivement[1]. À l’heure où s’achevait en Angleterre cette merveilleuse transformation de l’éducation scolaire qui est la cause première et fondamentale de tout l’accroissement de puissance dont l’Empire britannique a bénéficié en ces derniers temps, personne en France ne songeait à en étudier le secret. Quelques appels isolés[2] avaient bien retenti çà et là, mais on ne voulait voir dans ces manifestations que la plainte d’un rêveur ou les craintes chimériques d’un exalté.

Il s’en fallait que tous, dans l’Université, fussent satisfaits de leur sort. Les professeurs avaient déjà — ce qui les distingue si honorablement aujourd’hui — un dévouement sans bornes, une absolue dignité de vie et la conscience de travailler à une tâche ingrate, mais noble. Ils souffraient moins de la modestie de leur existence que du manque de considération ; s’ils ne pouvaient d’eux-mêmes s’élever à une conception de leur rôle pédagogique supérieure au courant d’idées qui les portait, ils conservaient du moins une certaine indépendance de jugement ; ils conservaient aussi quelques préférences démocratiques mélées à quelques habitudes d’esprit un peu frondeuses et parfois un peu voltairiennes. Tel était le personnel que la troisième République trouva en fonction et dont elle n’eut pas de peine à gagner les sympathies. Quant aux lycées et collèges, ils participaient du délabrement général des établissements scientifiques. On avait bien élevé çà et là des constructions grandioses et impratiques ; mais der-

  1. Voir l’ouvrage de Mgr Dupanloup, De l’Éducation.
  2. Voir L’Éducation homicide, de Victor de Laprade.