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l’éducation.

mettre la jeunesse de tout un pays sous le même harnais. Son fondateur ne s’est pas contenté de lui donner des règlements ; il lui a fabriqué un état d’esprit, ce qui est pour une association l’entrave par excellence à tout progrès et à toute évolution. Il lui a insufflé cet esprit de hiérarchie qui rend l’obéissance passive et le commandement brutal, et lui a assigné, pour se mouvoir, un chemin désespérément étroit, uniforme et plat. Il l’a installée à l’ombre de son pouvoir protecteur, l’habituant à n’agir que sur son ordre et lui assurant le repos mental qu’entraîne l’irresponsabilité. La fascination qu’exerçait le génie de Napoléon, sa conception simple, sinon noble, de l’éducation, la grande lassitude que le drame révolutionnaire laissait après lui, enfin de vieilles habitudes de rigidité monastique, de discipline sombre et d’emprisonnement préventif, eurent pour conséquence que ce plan fut compris et réalisé de point en point ; de toutes les institutions impériales, il n’en est pas qui aient reçu du fondateur une empreinte plus profonde et plus indélébile ; on peut dire que les destinées de la France eussent été modifiées si sa pédagogie avait été différente, Les établissements d’instruction secondaire ont rempli leurs programmes et brisé les générations successives qui leur furent confiées. Les classes dirigeantes ont témoigné la plus complète inaptitude non seulement à diriger le pays, mais à se diriger elles-mêmes. Il a fallu cette formidable leçon de choses, la guerre de 1870, pour éveiller la nation, la tirer de sa torpeur, lui rendre le sens de ce que nul ne lui apprenait plus, la vie virile, l’art de vouloir et d’agir.

Dans l’histoire des doctrines de l’éducation qu’écriront