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la république et l’église.

retour accentué au christianisme primitif. L’un de ses plus éloquents représentants, Mgr Ireland, archevêque de Saint-Paul du Minnesota, a formulé en ces termes l’esprit qui l’anime : « Laissez sa place à l’action de chacun. Le laïque n’a pas besoin d’attendre le prêtre, ni le prêtre d’attendre l’évêque, ni l’évêque d’attendre le Pape pour suivre sa voie propre. Les timides se meuvent en troupeaux, et les braves marchent en simple file… La religion qu’il faut aujourd’hui ne consiste pas à chanter de belles antiennes dans les stalles de cathédrale, vêtus d’ornements brodés d’or, tandis qu’il n’y a de multitude ni dans la nef ni dans les bas côtés, et qu’au dehors le monde se meurt d’inanition spirituelle et morale. Cherchez les hommes, parlez-leur, non en phrases montées sur des échasses ou par sermons dans le style du dix-septième siècle, mais en paroles brûlantes qui trouvent le chemin de leurs cœurs en même temps que de leurs esprits[1]. » Ces « paroles brûlantes » sont à rapprocher du passage suivant de Tocqueville : « Rien ne révolte plus l’esprit humain, dans les temps d’égalité, que l’idée de se soumettre à des formes. Les hommes qui vivent dans ces temps supportent impatiemment les figures ; les symboles leur paraissent des artifices puérils dont on se sert pour voiler ou parer à leurs yeux des vérilés qu’il serait plus naturel de leur montrer toutes nues et au grand jour ; ils restent froids à l’aspect des cérémonies et sont naturellement portés à n’attacher qu’une importance secondaire aux détails du culte. Ceux qui sont

  1. Discours prononcé dans la cathédrale de Baltimore, le 10 novembre 1889, pour le centième anniversaire de l’établissement de la hiérarchie catholique aux États-Unis.