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la république et l’église.

Wiseman, le cardinal Ledochowski, M. Cochin[1], etc. « Les catholiques, s’écria Montalembert, sont partout inférieurs à leurs adversaires dans la vie publique, parce qu’ils n’ont pas encore pris leur parti de la grande révolution qui a enfanté la société nouvelle, la vie moderne des peuples. Ils éprouvent un insurmontable mélange d’embarras et de timidité en face de la société moderne. Elle leur fait peur. Ils n’ont encore appris ni à la connaitre, ni à l’aimer, ni à la pratiquer. Beaucoup d’entre eux sont encore, par le cœur, par l’esprit, et sans trop s’en rendre compte, de l’ancien régime, c’est-à-dire d’un régime qui n’admettait ni l’égalité civile, ni la liberté politique, ni la liberté de conscience ; cet ancien régime avait son grand et beau rôle. Je ne prétends point le juger, encore moins le condamner ; il me suffit de lui connaître un défaut, mais capital ; il est mort ! il ne ressuscitera jamais ni nulle part. » — « Il ne faut pas, dit-il encore, que cette renonciation soit tacite et sincère. Il faut qu’elle devienne un lieu commun de la publicité ; il faut nettement, hardiment, publiquement protester à tout propos contre toute pensée de retour à ce qui irrite, ou inquiète la société moderne. Quand même ma respectueuse voix, dit en terminant Montalembert, irait jusqu’à ces hautes régions où les erreurs prolongées peuvent avoir de si funestes suites, elle ne saurait y être prise pour celle de l’audace ou de l’imprudence : Dieu donne à la franchise, à la fidélité, à la droiture, un accent qui ne peut être ni contrefait ni méconnu. » L’appel ne fut pas entendu. Le 21 décembre

  1. Voir sur ce sujet un intéressant article de M. de Molinari dans la Revue des Deux Mondes du 15 septembre 1875.