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la république et l’église.

d’un mot[1]. » Cela est parfaitement exact ; mais la question reste entière, puisqu’il s’agit de savoir si c’est avec le christianisme que la science est incompatible, ou bien avec les catholiques tels qu’ils sont aujourd’hui.

Les cléricaux ont tenté d’atteindre l’enseignement supérieur en fondant des universités catholiques[2] et en organisant des congrès scientifiques. Beaucoup d’entre eux estiment qu’il eût mieux valu prendre position dans les universités de l’État et dans les congrès généraux que de s’enfermer dans des institutions ou des discussions d’un caractère exclusif. Mais la création d’universités régionales était un des articles de ce programme de décentralisation qui, dans les dernières années de l’Empire et sous l’influence de Le Play, avait conquis beaucoup d’adhérents parmi les grands propriétaires ruraux ; d’autre part, les plus exaltés enviaient les victoires remportées par le parti clérical en Belgique et attribuaient à l’université catholique de Louvain un rôle considérable dans la préparation de ces victoires. Quant à l’idée de réunir une assemblée de « savants catholiques », elle prit naissance à Rouen en 1885. On décida d’exclure des délibérations du futur congrès toute rédaction et toute matière de discussion qui

  1. H. Taine, Les origines de la France contemporaine. Le nouveau régime.
  2. Il est à noter que les facultés de théologie furent supprimées sous l’influence de tendances ultramontaines. Jules Ferry, président du conseil, s’en expliqua en ces termes, devant le Sénat, en février 1885 : « Je suis, messieurs, du petit nombre de ceux qui s’intéressent aux facultés de théologie. J’ai fait, comme ministre de l’instruction publique, les plus sincères efforts pour vivifier cette institution. Il aurait fallu, pour réussir, le concours des évêques et de la cour de Rome. Or le Saint-Siège n’y tient pas, et quant aux évêques, à l’exception de celui de Rouen, ils partagent la manière de voir de la cour de Rome, qui se méfie de l’enseignement libéral des facultés de théologie et leur préfère les cours des séminaires. »