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la république et l’église.

constater d’ailleurs que rarement l’évêque est le continuateur du prêtre, et que bien des ecclésiastiques, considérés à juste titre comme modérés dans leurs opinions, deviennent, après leur élévation à l’épiscopat, autoritaires et intransigeants ; il n’en faut pas chercher la cause ailleurs que dans l’influence exercée sur eux par les témoignages de respect et de vénération que leur donuent les laïques, lesquels demandent en retour aux évêques leur concours dans les luttes politiques.

Quand les cléricaux se trouvent écartés du pouvoir, ils se tournent tout naturellement vers l’éducation ; car c’est en étendant leur domination sur la jeunesse qu’ils peuvent préparer le retour de leur influence gouvernementale. En France, l’école primaire, qui était destinée à devenir en quelque sorte la pierre angulaire de la République, se trouvait entre les mains des prêtres. Pouvait-elle y rester ? Il est, dans les traditions républicaines, de développer l’instruction par tous les moyens. La République de 1848 n’y manqua point ; mais, entourée des vœux et de la sympathie du clergé, auquel elle apportait la liberté avec la fin d’un régime de suspicion et d’étouffement, elle ne crut pas nécessaire de laïciser l’école[1]. Les républicains de 1876

    entretiennent de bons rapports avec les membres du clergé, mais les fonctionnaires qui se trouvent placés sous leurs ordres, aigris par le contact perpétuel avec un milieu social dont ils ne comprennent ni le tour d’esprit, ni le langage, ont trop souvent paralysé les bonnes intentions de leurs chefs et empêché l’harmonie de régner entre la direction et l’Église. Les directeurs des cultes ont été, depuis 1870, MM. Tardif, Laferrière, Castagnari, Flourens, Bousquet et Dumay.

  1. Voir les circulaires de M. Hippolyte Carnot, alors ministre de l’instruction publique.