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la république et l’église.

de campagne reparaissent fréquemment, sous le vernis scolastique, les fortes qualités de droiture et de bon sens des paysans dont il est issu, l’évêque, isolé de ses semblables, retrouve dans le luxe un peu solennel de son palais épiscopal, dans le culte dont sa personne est l’objet, comme une image effacée du rôle que jouaient ses prédécesseurs sous l’ancienne monarchie ; s’il ne réagit point contre ses impressions de chaque jour, il en arrive à se figurer qu’il a droit d’exercer, et parfois même qu’il exerce réellement une action sur les affaires publiques ; il est amené ainsi à donner son avis sur toutes choses, à traiter les questions électorales ou diplomatiques, à faire d’étonnantes distinctions entre les lois, dont il proclame les unes sages et les autres scélérates[1], à écrire enfin de ces lettres ou de ces mandements où il expose avec une sorte d’inconscience sa conception de l’organisation civile et adresse aux pouvoirs publics des remontrances ou des exhortations en retard de plus d’un siècle sur les idées et les habitudes du temps présent. Il est vrai que les nominations d’évêques résultant d’un accord entre le gouvernement et le Saint-Siège, la direction des cultes doit être rendue responsable des choix qu’elle fait et qui sont ensuite soumis à l’approbation du Pape. L’époque actuelle a vu passer un certain nombre de prêtres libéraux, patriotes, animés d’un zèle apostoliqne pour le bien et tout remplis de l’esprit de charité ; mais ceux-là n’ont pas toujours les qualités requises pour administrer un diocèse ; les directeurs des cultes[2] ont pu

  1. Voir la harangue adressée par Mgr l’évêque d’Angers à M. André Lebon, ministre du commerce, au cours d’un de ses voyages (1895).
  2. Les directeurs des cultes ne suivent pas le sort des ministres, leurs supérieurs hiérarchiques ; ils appartiennent en général au conseil d’État et