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le triomphe de la république.

gique que puisse être son action, elle ne s’en exerce pas moins dans une sphère restreinte ; le nombre est considérable de ceux qu’elle n’atteint pas et sur qui s’exerce, au contraire, l’action parfois bien plus puissante — parce qu’elle est indépendante et continue — des grands propriétaires fonciers, des riches industriels. Depuis 1877, d’ailleurs, un effort loyal a été fait par le gouvernement pour assurer la liberté des élections, et la comparaison avec les pays étrangers amènera tout homme de bonne foi à cette conclusion que le suffrage universel est, en France, aujourd’hui, aussi libre que le permet la vie publique, encore si imparfaite ; il est plus libre, en tout cas, que ne le fut jamais le suffrage restreint.

Le 13 octobre 1893, la flotte russe entra à Toulon, venant apporter à la France un nouveau message d’amitié ; les manifestations de sympathie entre les deux peuples, moins spontanées qu’à l’époque de l’entrevue de Cronstadt, furent plus grandioses et de signification plus éclatante : il était désormais impossible de nier l’existence d’un accord durable entre l’Empire moscovite et la République ; l’Europe s’en montra chagrine, et certains correspondants de journaux étrangers à Paris mirent à décrire les fêtes franco-russes toute la malveillance dont ils étaient capables. Le peuple de la capitale, il est vrai, mêla à son enthousiasme un peu de puérilité, et la dignité nationale eut à souffrir parfois de ses démonstrations trop joyeuses. Il sut, du moins, les suspendre pour voir passer les solennelles funérailles du maréchal de Mac Mahon ; derrière le cercueil de l’ancien Président de la République, toutes