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de la république.

moment, il ne se trouva personne pour plaindre notre sort. Plus tard, l’effort des Français, leur foi indomptable, commandèrent l’estime et l’admiration ; l’Europe n’en manifesta pas moins clairement son intention de s’abstenir. La capitulation de Sedan, pourtant, n’avait pas laissé que d’inquiéter certaines puissances neutres ; elles redoutèrent que l’équilibre, un instant rétabli, ne se rompît de nouveau par une victoire trop complète de l’Allemagne. Mais ces puissances ne voulaient pas intervenir en faveur d’un gouvernement qui ne leur inspirait encore aucune confiance. Telle fut l’impression que M. Thiers rapporta de son douloureux pèlerinage à travers l’Europe, pèlerinage entrepris au lendemain du 4 septembre et au cours duquel il ne recueillit des souverains et de leurs ministres que de vagues condoléances et des promesses sans portée. L’Italie, d’ailleurs, avait profité de nos embarras pour faire de Rome le centre et le couronnement de son unité, et le prince Gortchakow pour dénoncer le traité de 1856, résultat de la malencontreuse guerre de Crimée.

La prolongation de la lutte, qui ne nous attirait que des sympathies privées, — secours à nos blessés et dons en argent envoyés de l’étranger par des associations charitables, — eut pour résultat d’exaspérer le vainqueur. On a longtemps représenté le prince de Bismarck comme ayant été poussé à la guerre par le parti militaire prussien. Lui-même a donné à entendre qu’on l’avait obligé à se montrer exigeant. L’extraordinaire destinée du chancelier de fer lui réservait pour ses vieux jours des amertumes de vaincu, et c’est ainsi que le monde a appris, par un aveu de sa propre bouche, que, pour rendre inévitable un conflit qu’il jugeait