Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée
256
le triomphe de la république.

Après de longs pourparlers, ce fut M. Loubet, sénateur, qui procéda à une sorte de reconstitution du cabinet[1]. Le moment eût peut-être été bien choisi pour faire appel à des hommes nouveaux et jeunes. On voyait, depuis longtemps, les mêmes personnalités se passer les portefeuilles en exécutant des chassés-croisés qui manquaient souvent d’à-propos ; le prestige gouvernemental ne pouvait qu’en souffrir. Cette épuration politique, les circonstances allaient la provoquer dans des conditions fâcheuses.

Les élections municipales du 1er mai 1892[2] et les élections départementales des 31 juillet et 7 août[3] avaient montré les progrès toujours croissants de l’opinion républicaine ; le centenaire de Valmy et celui du 22 sep- tembre 1792 avaient été célébrés avec éclat ; le 14 juin, la rente française avait atteint le pair ; enfin, lors de son voyage triomphal dans l’Est, M. Carnot avait reçu la visite du grand-duc Constantin[4] venant le saluer au nom du

    rent d’autre importance que de donner occasion aux Italiens de témoigner leurs mauvais sentiments à l’égard de la France. Le gouvernement français, en cette circonstance, ne se montra pas à la hauteur de sa tâche.

  1. La crise fut longue : MM. Rouvier et Bourgeois avaient tenté vainement de la résoudre. M. Loubet prit le portefeuille de M. Constans ; MM. Barbey, Fallières et Yves Guyot furent remplacés par MM. Cavaignac, Ricard et Viette. Peu après, M. Cavaignac, atteint par un vote de la Chambre qui lui enjoignait de mettre les forces navales sous le commandement du chef de l’armée de terre pendant l’expédition du Dahomey, se retira. M. Burdeau lui succéda et confia le commandement de l’expédition au colonel Dodds.
  2. Elles donnèrent les résultats suivants :

    Avant les élections, on comptait 20,642 conseils municipaux républicains contre 15,402 réactionnaires ; après les élections, on comptait 23,524 conseils municipaux républicains contre 12,409 réactionnaires.

    22 chefs-lieux de département ou d’arrondissement demeuraient aux mains des réactionnaires contre 336 dirigés par les républicains.

  3. Elles donnèrent un gain net de 181 sièges aux républicains.
  4. L’empereur de Russie se trouvait alors à Kiel avec l’empereur d’Al-